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Où sont les restes des martyrs ?

Des cadavres de déportés laissés dans la plaine
Des cadavres de déportés laissés dans la plaine


Rachid Bey, Wali de Diarbakr, médecin, homme sans conscience, brute fanatique, répond à un télégramme du triumvirat qui se plaignait de la présence de cadavres flottant dans l’Euphrate :

L’Euphrate a peu de rapports avec notre Wilayet. Les cadavres cités proviennent probablement des Wilayet d’Erzéroum et de Kharpout. Ceux qui sont tombés morts chez nous ont été ou bien jetés dans des cavernes profondes ou, le plus souvent, ils ont été brûlés. De fait, il n’y a pas assez de place pour les enterrer.1

Une colline de crânes de déportés
Une colline de crânes de déportés


Pour n’avoir pas à les enterrer, mais aussi pour ne pas en laisser de traces compromettantes, la solution était de s’en débarrasser en les brûlant ou en les précipitant dans les citernes et les cavernes. Ce fut vraisemblablement le sort du convoi de Mgr. Maloyan et du P. Léonard. Mais il nous reste de savoir le lieu exact de la mort de Mgr. Maloyan et du P. Léonard, sur la route entre Mardine et Diarbakr : 

- Est-ce à Kara-Keupru, à 3 heures de Diarbakr, où Mamdouh Bey a exécuté Mgr. Maloyan ?2

- Est-ce dans les grottes de Cheikhan, village kurde situé à 6 heures de Mardine ?3

- Est-ce dans les citernes de la citadelle « Kalaat Zirzawane » près de Cheikhan ?4

- Est-ce dans les célèbres grottes de Dara, situées à une journée de Mardine. P. Rhétoré s’attarde à décrire ce site :

…On les conduisit à Dara, à une journée de Mardine. Dara, l’ancienne ville fondée par le roi de Perse Darius, n’est plus aujourd’hui qu’un mauvais village perdu au milieu des ruines de l’ancienne cité. Sous ces ruines et dans les alentours sont d’immenses citernes qui servaient de réservoirs ou peut-être de prisons dans la ville primitive. Les massacreurs turcs trouvèrent ces citernes fort bien adaptées pour y faire disparaître leurs victimes et Dieu seul sait les milliers qu’ils y précipitèrent. Un mot « Je suis musulman » aurait pu sauver ces hommes de la mort. Aucun d’eux ne dit ce mot, et ils moururent en Chrétiens… Après avoir été égorgés, assommés, percés de Khandjar (poignard), ils furent précipités dans les citernes de Dara où leurs massacreurs crurent aussi avoir enseveli leur crime.5

Non ! Les Martyrs ne seront pas oubliés. Honneur à Mgr. Ignace Maloyan, Honneur aussi au P. Léonard : si nous avons perdu l’espoir de reprendre un jour leurs restes sacrés et les vénérer, gardons du moins leur nom et le récit de leur fin héroïque, dans le reliquaire de l’histoire sainte de l’Eglise, comme modèle de sacrifice et d’amour jusqu’à l’extrême.

1 Jacques Rhétoré, Les Chrétiens aux bêtes, Cerf, Paris, 2005, p. 84-85.

2 Hyacinthe Simon, Mardine la ville héroïque, p. 67.

3 Hyacinthe Simon, Mardine la ville héroïque, p. 66.

4 Hyacinthe Simon, Mardine la ville héroïque, p. 66 ; Ishac Armalé, Al-Qouçara fi nakabat annaçara, p. 196 ; Abdo Bezer, Mémoires.

5 Jacques Rhétoré, Les Chrétiens aux bêtes, Cerf, Paris, 2005, p. 81.

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...et, une fois de plus, la bure franciscaine fut teinte du sang des martyrs...
LeonardMelki
© Farés Melki 2013